CHEZ SOI : peut-on se sentir chez soi loin de chez soi?

Château de Fontainebleau (France)

Qu’est-ce que cela veut dire « se sentir chez soi ? » . Comment se sentir chez soi à l’étranger, loin de son Pays, de ses amis, de sa famille ? Est-ce possible ?

Selon moi, se sentir chez soi, c’est d’abord se sentir à l’abri du monde, en sécurité, peu importe si on est loin de sa ville d’origine. C’est fermer la porte derrière soi et savoir d’être enfin dans un lieu familier, où rien ne peut nous toucher. C’est ce tout petit coin du monde où l’on est toujours content d’y retourner, car c’est le « home sweet home » toujours prêt à nous accueillir.

Et afin de mieux vous expliquer ce que cette sensation signifie pour moi, je vous présente un exemple : ce qui m’est arrivé hier.

C’était le samedi 26 octobre 2019 et je suis allée visiter le Château de Fontainebleau avec une amie de ma fac. Une sortie en dehors de Paris : Fontainebleau est un petit village à environ 70 kilomètres de Paris, que l’on peut rejoindre en train (transilien) de l’une des principales gares de Paris (Gare de Lyon).

On a passé une très belle journée : on a visité le Château, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981 et les immenses jardins qui l’entournent. Enfin du soleil ! Avec presque 20 degrés, ça a été la seule journée de soleil en octobre.  Une journée parfaite, enfin presque. En effet, il était 18h30 à peu près quand on a commencé à retourner vers Paris. On arrive à la gare Fontainebleau-Avon mais les trains avaient été supprimés ou retardés. La gare était bondée, tous les touristes rentraient en ville. « Ça doit être normal, il y a tout le temps des retards ou des perturbations à Paris, ça va » on a ingénument pensé. Puis des militaires arrivent et nous font décaler vers la droite, pour évacuer la partie gauche du quai. Mmm première alerte : « qu’est-ce qu’il se passe ? ». Quelques minutes après, on voit un monsieur traverser les voies en courant et en criant quelque chose en arabe. Il court, il crie, il saute et il se pose par terre à quelques mètres de nous. Tout le monde reste immobile et perplexe. Il faut attendre quelques minutes avant qu’un militaire réagisse en éloignant le monsieur. Et encore, que se passe-t-il ? Personne n’ose demander, mais je vois tout le monde commencer progressivement à décaler de plus en plus vers la droite, de l’autre côté par rapport à où étaient les militaires.

Mais l’histoire ne se limite pas qu’à ça. On voit, ou bien on entend, un groupe de 6 / 7 personnes crier en arabe et courir sur l’autre quai. Là tout est parti en sucette, direct ! Des cris en arabe et on s’est retrouvé tout le monde, accroupis par terre, le long du mur de la gare. Les mains sur sa tête, tous tremblants et choqués. Je n’ai aucune idée de comment moi aussi je me suis mise par terre. Je me souviens seulement que je ne comprenais rien et que quelqu’un disait que les messieurs avaient des pistolets sur eux.

Une sensation horrible : tout le monde, y compris mon amie, paniquait. Aucune idée de ce qui se passait autour de nous. « T’inquiète, rien ne va se passer, t’inquiète » je lui répétais. Et au même temps j’essayais de tranquilliser une fille espagnole à côté de moi , ses parents ne comprenais rien du tout.

Je ne sais pas dire combien de temps cela ait duré, ou si les militaires aient fait quelque chose pour gérer la situation. On était 200 personnes je crois, tous amassés dans cette gare minuscule, dans une ville inconnue, trop loin de Paris.

Voici comment je me suis sentie : je me suis sentie deux fois étrangère, déjà parce que j’étais dans une ville inconnue, à 70 kilomètres de Paris, en plus parce que je n’arrivais pas à comprendre ce que disaient les gens à côté de moi. Ne pas comprendre la langue (l’arabe) , ne pas connaître l’endroit où on est, ne pas savoir comment s’échapper : voilà le pire. Tout cela a été terrifiant !

Bref, pour conclure le récit : le train est enfin arrivé à la gare et on est bien rentrées à Paris. Et c’est seulement à Paris qu’on s’est sentie en sécurité. Toujours des étrangères mais au moins dans un endroit familier et qui nous appartient un petit peu.

Du coup, qu’est-ce le « Chez soi » ? Puis-je considérer Paris comme mon deuxième chez moi ?

Enfin, je vous dirais que non. Paris n’est pas mon chez moi et il ne pourrait jamais le devenir. Je ne me sens pas en sécurité ici, alors que je me sens tout à fait tranquille dans ma ville en Italie. « Me sentir chez moi » veut dire aller me promener à la plage à 1h du matin après mon travail (je suis serveuse dans un resto à Fiumicino) sans rien craindre. Ou bien mes autres chez moi sont Lyon et La Ciotat, deux villes où j’ai vécu et laissé des morceaux de mon cœur.

Alors, est-il méchant de ma part de dire que Paris est une ville qui ne mérite pas de m’avoir parmi ses fils ? Peut-être, mais après tout, je me sens chez moi, à l’endroit que j’ai désigné comme tel. Et Paris ne figure pas sur la liste de mes chez moi.

Juste des derniers exemples : le 80% de mes amis Erasmus a été victime de vol (de leur portable), on a volé le portefeuille à ma sœur et on a tenté avec moi aussi ; vendredi on nous a fait évacuer le train pour Disneyland à cause d’un colis suspect et on nous a abandonné dans une gare inconnue sans pouvoir ni retourner à Paris ni arriver à Disneyland.

Et vous, est-ce que vous vous sentez chez vous, même loin de votre pays ? Vos racines, elles sont où ?

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